Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mauvaise grâce, avec regret et sans estime pour la personne de l’indigent, de même que bien des gens hospitaliers ne le sont que par vanité, déguisant leur vrai sentiment et n’ayant qu’un but, celui de déployer leur faste devant leurs convives. Que nos offrandes au prochain soient donc offertes, avec un cœur sincère, sur l’autel même de la charité. Car Dieu aime celui qui donne avec joie. (2 Cor. IX, 7)[1].

En observant de plus près les pauvres qui m’entourent, surtout après un échange de paroles, je remarque qu’ils sont vraiment dignes d’être aimés. Ils sont si doux, si humbles, si simples de cœur, si pleins de bienveillance sincère, que je me dis : oui, ils sont pauvres au point de vue matériel, mais riches au point de vue spirituel. En effet, ils me font rougir de moi même, lorsque je songe à ma dureté, à mon orgueil, à ma méchanceté, à mon dédain, à mon irascibilité, lorsque je pense combien je suis mauvais, froid envers Dieu et les hommes, envieux et avare. Ils sont en vérité de vrais amis de Dieu ! Or, l’ennemi, qui connaît les trésors de leurs âmes, provoque chez ses esclaves, — les riches orgueilleux, un sentiment de mépris et de haine à leur égard, brûlant lui-même du désir de les faire disparaître de la surface de la terre, comme s’ils n’avaient pas le droit d’y vivre et d’y marcher ! Ô mes pauvres frères, ô amis de Dieu ! c’est vous qui possédez la véritable richesse spirituelle, et c’est moi qui suis le pauvre, le misérable, le mendiant ! Vous méritez vraiment l’estime de ceux qui vivent dans l’abondance, mais qui sont pauvres et misérables en vertu, qui n’ont ni tempérance, ni douceur, ni humilité, ni bonté, ni sincérité, bref qui n’ont pas l’amour de Dieu et du prochain. Ô Seigneur ! ensei-

  1. Page 357.