Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/136

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pas rester oisive : elle fait le bien ou le mal. De deux choses l’une : ou c’est le froment qu’elle produit ou c’est l’ivraie. Mais comme tout bien vient de Dieu et que le moyen d’obtenir un bien de Dieu consiste dans la prière, ceux qui prient avec ferveur, du fond de l’âme, avec sincérité, obtiennent du Seigneur la grâce de faire le bien et avant tout la grâce de la foi ; au lieu que ceux qui ne prient pas restent naturellement dépourvus de dons spirituels, dont ils se privent volontairement à cause de leur négligence et de leur indifférence spirituelle. Or, puisque dans les cœurs de ceux qui prient avec ferveur et travaillent pour le Seigneur c’est le froment des bonnes pensées, des bonnes dispositions, des bonnes intentions et des bonnes œuvres qui croît, il s’ensuit que dans les cœurs de ceux qui ne prient pas, ce sont les ivraies de toute espèce de mal qui croissent et étouffent la petite quantité de bien qui leur restait grâce au baptême, à la confirmation, à la pénitence et à la communion. C’est pourquoi il faut surveiller avec une grande attention le domaine de son propre cœur, afin qu’on n’y trouve pas les ivraies de la malice, de la paresse, de la volupté, du luxe, de l’impiété, de la cupidité, de l’avarice, de l’envie, de la haine, etc. Il faut chaque jour sarcler ce domaine du cœur, au moins par la prière du soir et du matin, le rafraîchir par des soupirs salutaires qui lui tiennent lieu de la rosée de l’aurore et du soir. En outre il faut mettre toute sa force à planter dans le domaine de son cœur les graines des vertus de la foi, de l’espérance en Dieu, de l’amour de Dieu et du prochain ; il faut engraisser et fertiliser ce domaine par la prière, par la patience, par les bonnes œuvres, sans jamais rester une seule heure dans l’oisiveté et dans l’inaction, car c’est aux heures d’oisiveté et d’inaction que l’ennemi sème assidûment son ivraie : pendant que ses serviteurs dormaient, l’ennemi vint, sema l’ivraie