Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/96

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phèmez pas contre Dieu, le Maître suprême plein de bonté pour nous.[1].

— Voyez une société mondaine, qu’y fait-on ? On parle, on cause, on raconte toute sorte de choses frivoles ; mais quant à Dieu, notre seul Père à tous, il n’en est pas question, pas plus que de son amour pour nous, ou de la vie et de la récompense future. D’où vient cela ? Cela vient de la honte que nous avons d’en parler. Mais le plus étonnant c’est que ceux-là mêmes qui passent pour pieux, qui sont regardés comme les lumières de la piété, parlent rarement de Dieu, de la valeur précieuse du temps, de l’abstinence, de la résurrection, du jugement qui nous attend, de la félicité à venir et des tourments éternels, et cela, non seulement en société, mais au sein de leur famille, où ils préfèrent passer leur temps dans des entretiens futiles ou bien à jouer et à se distraire ! La cause en est la même : ils ont honte d’aborder toutes ces questions ; il ont peur d’ennuyer les autres ou craignent de n’être pas en état de les traiter avec tout le zèle convenable. Monde adultère et coupable ! Malheur à toi au jour du jugement, où tu seras appelé par notre Juge à tous, juge impartial et universel ! Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont point reçu. (Joan. I, 11). Oui, le Seigneur notre Créateur n’est point reçu chez nous ! Il n’est pas reçu dans nos maisons, il ne l’est pas non plus dans nos conversations. Écoutez aussi ce prêtre qui lit à haute voix l’Écriture Sainte ou les prières liturgiques, pourquoi les lit-il, trop souvent, hélas ! avec nonchalance ou négligence, comme si sa langue bégayait ? Il lit, non comme il le devrait, de la surabondance du cœur, mais avec peine, et ce ne sont que des syllabes stériles qui sortent de sa bouche. D’où vient cela ? Cela vient du mépris que le démon lui a semé dans le cœur pour

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