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Au seuil de la palissade, Shaw voulant mettre pied à terre, perdit les étriers et tomba de tout son long. Cette pantomime commençait à devenir trop fréquente.

« Vous voulez retourner à Couihara, M. Shaw ? lui demandai-je.

– Oh ! oui, s’il vous plaît. Je ne pourrais pas aller plus loin ; et, si vous étiez assez bon pour le permettre, je m’en retournerais avec joie.

– Très bien, monsieur ; j’en suis venu à croire que cela vaudrait mieux pour nous tous. »

La journée du lendemain fut consacrée à tous les préparatifs qu’exigeait le départ de Shaw. Une forte litière fut construite ; quatre hommes vigoureux furent loués à Kigandou pour porter le malade. Je fis faire du pain, remplir de thé un grand bidon, et rôtir une gigue de chevreau pour qu’il eût à manger pendant la route.

Dans la soirée – nous la passâmes ensemble –, il prit un accordéon que je lui avais donné à Zanzibar, et joua différents airs. Un pitoyable instrument que cet accordéon, d’une cinquantaine de francs ; cependant, les chants simples et familiers qui s’en exhalèrent ce soir-là me firent l’effet de mélodies célestes ; et quand, pour finir, mon pauvre camarade joua l’air de Home, Sweet home ! (Pays natal, doux pays !) il n’avait pas achevé, que nos cœurs émus s’élançaient l’un vers l’autre.

Le 27 nous étions tous levés de bonne heure.

La trompe sonna enfin le départ. Shaw dans sa litière fut pris par ses porteurs. Mes hommes formèrent