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deux rangs, les drapeaux furent déployés ; et, entre cette double haie, sous les plis de ces bannières qu’il ne devait plus revoir, Shaw fut emporté vers le nord. Puis je me tournai vers le sud, allant d’un pas vif et léger, comme un homme qui a un poids de moins sur les épaules.

Nous arrivions à Gounda, vers deux heures de l’après-midi.

Nous étions alors sortis de Gnagnembé, dont nous venions de franchir la frontière méridionale ; Gounda, situé dans le district du même nom, est un gros bourg qui peut compter quatre cents familles, environ deux mille âmes. Il est défendu par une estacade ayant embrasures, fossé et contrescarpe. Des bastions rapprochés, percés de meurtrières, d’où les tireurs les plus habiles peuvent viser les chefs ennemis, dominent cette enceinte, dont le bois a trois pouces d’épaisseur, et dont la base est protégée par un talus de plus d’un mètre d’élévation. Autour de la place, dans un rayon de deux à trois kilomètres, le sol a été dépouillé de tout ce qui permettrait à l’ennemi de dissimuler son approche. Trois fois Mirambo a essayé de prendre le village, trois fois il a été repoussé ; et les habitants de Gounda se vantent à juste titre d’avoir résisté au plus hardi forban qu’ait vu le pays de Mouézi depuis plusieurs générations.

La fièvre couve en permanence dans cette région boisée, où la nature n’a rien fait pour l’écoulement des eaux. Pendant la saison sèche, on ne la croirait pas malsaine. L’herbe roussie et les traces pétrifiées des animaux, qui les ont fréquentées à l’époque humide,