Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chacune de ses rides, la pâleur de ses traits et son air fatigué, empreint d’un léger ennui, m’enseignaient ce que j’avais soif de connaître, depuis le jour où l’on m’avait dit de le retrouver. Que de choses dans ces muets témoignages ! Que d’intérêt dans cette lecture !

Je l’écoutais en même temps. Ah ! si vous aviez pu le voir et l’entendre ! Ses lèvres, qui n’ont jamais menti, me donnaient des détails ! Je ne peux pas répéter ses paroles, j’étais trop ému pour les sténographier. Il avait tant de choses à dire qu’il commençait par la fin, oubliant qu’il avait à rendre compte de cinq ou six années. Mais le récit débordait, s’élargissait toujours, et devenait une merveilleuse histoire.

Les Arabes se levèrent, comprenant, avec une délicatesse dont je leur sus gré, que nous avions besoin d’être seuls. Je leur envoyai Bombay pour leur dire les nouvelles, qui malheureusement les touchaient de trop près. Séid ben Medjid, l’un d’eux, était le père du vaillant Saoud, qui s’était battu à côté de moi à Zimbiso et que les gens de Mirambo avaient tué le lendemain dans les bois d’Ouillancourou. Tous avaient des intérêts dans le Gnagnembé, tous y avaient des amis ; ils devaient être impatients d’apprendre ce qui les concernait.

Je donnai des ordres pour que mes gens fussent approvisionnés ; puis je fis appeler Kéif Halek, et le présentai au docteur en lui disant que c’était l’un des soldats de sa caravane, restée à Couihara, soldat que j’avais amené pour qu’il remît en main propre les dépêches dont il était chargé. C’était le fameux sac,