Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/171

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les passes les moins impénétrables, sans s’inquiéter de la direction dans laquelle il s’égare ; sentier qu’il fallait élargir. Les porteurs y marchaient sans trop de peine ; mais les chameaux n’y pouvaient faire un pas sans que la cognée leur eût ouvert le chemin. Ce mode de voyage, très lent par lui-même, le devint d’autant plus que les cipahis et les Anjouannais s’arrêtaient fréquemment et refusaient de travailler. Peu de temps après le départ, ils avaient commencé à se plaindre, et leur mauvais vouloir, qui se traduisait à chaque instant, eut bientôt recours aux moyens hostiles. Dans l’espérance d’arrêter le voyageur et de le contraindre à revenir sur ses pas, ils traitèrent les animaux avec tant de cruauté que, peu de jours après, il n’en restait plus un seul. L’expédient n’ayant pas réussi au gré de leurs désirs, ils essayèrent de soulever les indigènes contre l’homme blanc, en l’accusant de pratiques étranges frisant la sorcellerie. Comme l’accusation était dangereuse et qu’elle menaçait d’aboutir, Livingstone jugea convenable de renvoyer les cipahis, ce qu’il fit sans retard, en leur donnant toutefois les ressources nécessaires pour regagner la côte.

Le 8 juillet, la petite caravane, diminuée de ses douze cipahis, arrivait dans un village de l’Ouahiao, situé à huit jours de marche de la Rovouma, au sud de cette rivière ; village d’où l’on domine la ligne de faîte qui, de ce côté, porte ses eaux dans le lac ou gnassa des Maraouis [lac Nyassa]. Entre la Rovouma et cette bourgade est un pays inhabité, où la petite bande souffrit beaucoup de la faim, et s’amoindrit encore par suite de désertions.