Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/185

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Je n’avais rien vu de pareil depuis que j’étais en Afrique, rien de semblable à ces hameaux de pêcheurs, enfouis dans des bosquets de palmiers, de bananiers, de figuiers du Bengale et de mimosas ; bosquets entourés de jardins et de petites pièces de terre, dont les épis luxuriants regardaient l’eau transparente, où se reflétaient les cimes qui leur servaient d’abri contre la tempête.

Évidemment, les pêcheurs qui habitent ces parages trouvent leur situation bonne. Le poisson abonde ; les pentes rapides, cultivées par les femmes, produisent du sorgho et du maïs en quantité ; les jardins sont remplis de manioc, d’arachides, de patates ; les élaïs procurent l’huile et le breuvage ; les bananiers, des masses de fruits délicieux, et dans les ravins sont de grands arbres, dont on fait les pirogues. La nature prodigue aux hommes en cet endroit tout ce qu’il peuvent désirer ; ils ne conçoivent rien au-delà. C’est quand on voit tous ces éléments d’un bonheur qui pour eux est parfait que l’on pense à ce qu’ils doivent souffrir, lorsque, arrachés de ces lieux, ils traversent les déserts qui les en sépareront pour toujours, lorsqu’ils marchent traînant leurs chaînes et conduits par ces hommes qui les ont achetés huit mètres de cotonnade, pour leur faire faire la cueillette du girofle ou le métier de portefaix.

Tous les deltas des rivières que reçoit la Tanguégnica sont entourés d’une épaisse ceinture de papyrus et de matétés, ceinture qui, à certaines places, acquiert une grande largeur. Au fond de quelques-unes de ces jungles, parfois impénétrables, comme celles des bouches