Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/198

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quelle était la cause du rassemblement. Nos guides lui répondirent qu’un Béloutchi, du nom de Khamis, ayant assommé à Djidji le fils aîné du sultan de Mouzimou, la grande île voisine, parce que ce jeune homme avait jeté un regard indiscret dans son harem, la paix était rompue entre les hommes de Sansi et les Arabes, et que, par suite de cet état de choses, on avait enjoint à nos hommes de partir sur-le-champ. Comme ceux-ci allaient nous en prévenir, le jeune ivrogne avait adressé à l’un d’eux un coup de serpe. Le coup, mal dirigé, avait frappé dans le vide ; mais nos gens avaient vu là une déclaration de guerre et avaient pris les armes.

Il aurait suffi d’une décharge de nos revolvers pour faire évacuer le terrain ; mais, après en avoir conféré entre nous, le docteur pensa qu’il valait mieux s’entendre avec le chef et le calmer par un présent. « On ne s’offense pas, dit-il, des folies d’un homme ivre. »

Se tournant donc vers le foule, Livingstone releva sa manche et dit à ces furieux : « Je ne suis ni un Arabe ni un Zanzibarien, mais un homme blanc. Les Zanzibariens et les Arabes n’ont pas la peau de cette couleur ; nous ne sommes pas de leur race ; et jamais un des vôtres n’a eu à se plaindre d’un homme à peau blanche. »

Ce discours produisit tant d’effet que les deux nobles ivrognes consentirent à s’asseoir et à parler avec calme. Cependant ils en revenaient toujours au fils de Kisésa, sultan de Mouzimou, à ce pauvre Mombo qu’on avait tué brutalement. « Oui, brutalement ! »