Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/247

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toutes parts, et du nombre d’arbres arrachés, tous dans la même direction, comme abattus par un vent du nord-ouest. La vallée de l’Ougérengeri, cet éden que nous avions vu si populeux, n’était plus qu’une solitude désolée.

Une marche fatigante nous conduisit à Moussoudi ; pendant tout le trajet, nous avions pu voir qu’une effrayante mortalité avait accompagné le désastre.

Interrogé par nous, le dihouan, c’est-à-dire le chef, nous fit cette réponse : « Chacun était allé se coucher, à l’heure habituelle, comme je l’avais toujours vu faire depuis que j’étais dans la vallée, que j’habite depuis vingt-cinq ans. Tout le monde dormait, quand, au milieu de la nuit, on fut réveillé par d’épouvantables roulements, tels qu’en auraient fait de nombreux tonnerres. La mort faisait son œuvre : une grande masse d’eau, comme un mur qui passait, arrachait les arbres, emportait les maisons ; près de cent villages ont disparu.

– Et les habitants ? demandai-je.

– Dieu a pris la plupart ; les autres sont allés dans l’Oudoé. »

Il y avait six jours que le désastre avait eu lieu, l’eau s’était retirée, la scène mise à nu était effroyable. Sur tous les points, on ne voyait que dévastation : des champs de maïs couverts de sable, partout des débris ; le lit déserté par la rivière était béant sur une largeur de seize cents mètres.