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Dès le matin, le prudent Thani et l’actif Hamed s’occupèrent de cette affaire importante. Il en résulta que, d’un seul borna, le chef de ce district tira cent quatre-vingt-huit mètres de cotonnade, vingt-huit d’étoffes supérieures et dix rangs de perles noires ; en somme, près de deux cent soixante francs. Cela doit faire une bonne journée pour un homme du Gogo.

Le lendemain, 27 mai, nous quittâmes cette résidence royale, en secouant avec joie la poussière de nos pieds ; et nous continuâmes à marcher vers l’occident.

Cependant, lorsque je comptai par vingtaines les gens qui se groupaient sur la route pour voir l’homme blanc, je commençai à prendre meilleure opinion d’un peuple, qui, ayant le sentiment de sa force, s’abstenait d’en user ; d’un peuple assez intelligent pour comprendre que son intérêt, qu’elle que fût la tentation, était de laisser passer les caravanes, sans leur imposer autre chose qu’un droit de transit [1].

Quatre jours plus tard, nous étions au camp de Gnamboua, où l’eau est excellente, et nous buvions tous en chameaux altérés. De vastes champs de grain avaient annoncé les villages et fait presser le pas à nos hommes. Lorsque nous approchâmes de l’aire populeuse, nous vîmes accourir la multitude ; et bientôt

  1. Vambéry (Voyage d'un faux derviche) trouve que ce droit, comparé au pillage des caravane est une amélioration civilisée ; Burton (Voyages aux grands lacs) le justifie, et Manoua Sera déclare que les trafiquants n'ont le droit de résider sur ses terres qu'en le lui achetant. Speke (Aux sources du Nil) en ne s'y soumettant pas de bonne grâce, n'a fait qu'augmenter les difficultés sur sa route. (J. Belin de Launay)