Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/200

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vent, mon amie intime, et qui aujourd’hui tient les rênes du gouvernement. Ce sera déjà pour moi une source de bonheur, et c’est bien rarement que je puis employer ce mot en parlant de ta fille. Je trouve mon idée folle ; mais, si tu vois quelque chance de succès, dans trois jours je prendrai le voile blanc, huit années de séjour au couvent, sans découcher, me donnant droit à une exemption de six mois. La dispense ne se refuse pas, et coûte quarante écus.

« Je suis avec respect, ma vénérable mère, » etc.

Cette lettre combla de joie la signora de Campireali. Lorsqu’elle la reçut, elle se repentait vivement d’avoir fait annoncer à sa fille la mort de Branciforte ; elle ne savait comment se terminerait cette profonde mélancolie où elle était tombée ; elle prévoyait quelque coup de tête, elle allait jusqu’à craindre que sa fille ne voulût aller visiter au Mexique le lieu où l’on avait prétendu que Branciforte avait été massacré, auquel cas il était très possible qu’elle apprît à Madrid le vrai nom du colonel Lizzara. D’un autre côté, ce que sa fille demandait par son courrier était la chose du monde la plus difficile et l’on peut même dire la plus absurde. Une jeune fille qui n’était pas même religieuse, et qui