Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/203

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elle-même ne pourrait pas faire ce que vous venez demander à un pauvre vieillard impotent.

— Aussi ai-je dit à votre Éminence que la chose était ridicule : les sots la trouveront folle ; mais les gens bien instruits de ce qui se passe à la cour penseront que notre excellent prince, le bon pape Grégoire XIII, a voulu récompenser les loyaux et longs services de Votre Éminence en facilitant un mariage que tout Rome sait qu’elle désire. Du reste, la chose est fort possible, tout à fait canonique, j’en réponds ; ma fille prendra le voile blanc dès demain.

— Mais la simonie, madame !… s’écria le vieillard d’une voix terrible.

La signora de Campireali s’en allait.

— Quel est ce papier que vous laissez ?

— C’est la liste des terres que je présenterais comme valant deux cent mille piastres si l’on ne voulait pas d’argent comptant ; le changement de propriété de ces terres pourrait être tenu secret pendant fort longtemps ; par exemple, la maison Colonna me ferait des procès que je perdrais…

— Mais la simonie, madame ! l’effroyable simonie !

— Il faut commencer par différer l’élection de six mois, demain je viendrai prendre les ordres de Votre Éminence.