Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/270

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Cette lettre fit impression sur les magistrats ; ils se hâtèrent de l’envoyer à Venise ; par leur ordre les portes de la ville furent fermées, et les murailles garnies de soldats le jour et la nuit. On publia un avis portant des peines sévères pour qui, ayant connaissance des assassins, ne communiquerait pas ce qu’il savait à la justice. Ceux des assassins qui porteraient témoignage contre un des leurs ne seraient point inquiétés, et même on leur compterait une somme d’argent. Mais sur les sept heures de nuit, la veille de Noël (le 24 décembre, vers minuit), Aloïse Bragadin[1] arriva de Venise avec d’amples pouvoirs de la part du sénat, et l’ordre de faire arrêter vifs ou morts, et quoi qu’il en pût coûter, ledit prince Louis et tous les siens.

Ledit seigneur avogador Bragadin, les seigneurs capitaine et podestat se réunirent dans la forteresse.

Il fut ordonné, sous peine de la potence (della forca), à toute la milice à pied et à cheval, de se rendre bien pourvue d’armes autour de la maison dudit prince Louis, voisine de la forteresse, et contiguë à l’église de Saint-Augustin sur l’Arena.

Le jour arrivé (qui était celui de Noël), un édit fut publié dans la ville, qui exhor-

  1. Bragadine.