Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/96

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chambre à côté de celle de sa femme, et tout étant tranquille dans la maison, la mère dit à sa fille :

— Voilà tes lettres, je ne veux pas les lire, tu vois ce qu’elles ont failli nous coûter ! À ta place, je les brûlerais. Adieu, embrasse-moi.

Hélène rentra dans sa chambre, fondant en larmes ; il lui semblait que, depuis ces paroles de sa mère, elle n’aimait plus Jules. Puis elle se prépara à brûler ses lettres ; mais, avant de les anéantir, elle ne put s’empêcher de les relire. Elle les relut tant et si bien, que le soleil était déjà haut dans le ciel quand enfin elle se détermina à suivre un conseil salutaire.

Le lendemain, qui était un dimanche, Hélène s’achemina vers la paroisse avec sa mère ; par bonheur, son père ne les suivit pas. La première personne qu’elle aperçut dans l’église, ce fut Jules Branciforte. D’un regard elle s’assura qu’il n’était point blessé. Son bonheur fut au comble ; les événements de la nuit étaient à mille lieues de sa mémoire. Elle avait préparé cinq ou six petits billets tracés sur des chiffons de vieux papier souillés avec de la terre détrempée d’eau, et tels qu’on peut en trouver sur les dalles d’une église ; ces billets contenaient tous le même avertissement :