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Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/257

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C’était un vieillard de quatre-vingts ans qui se fâchait contre un neveu chéri maître jusque-là de toutes ses volontés. Dans son indignation, le pape parla d’ôter le chapeau à son neveu.

La colère du pape fut entretenue par l’ambassadeur du grand-duc de Toscane, qui alla se plaindre à lui d’une insolence récente du cardinal premier ministre. Ce cardinal, naguère si puissant, se présenta chez Sa Sainteté pour son travail accoutumé. Le pape le laissa quatre heures entières dans l’antichambre, attendant aux yeux de tous, puis le renvoya sans vouloir l’admettre à l’audience. On peut juger de ce qu’eut à souffrir l’orgueil immodéré du ministre. Le cardinal était irrité, mais non soumis ; il pensait qu’un vieillard accablé par l’âge, dominé toute sa vie par l’amour qu’il portait à sa famille, et qui enfin était peu habitué à l’expédition des affaires temporelles, serait obligé d’avoir recours à son activité. La vertu du saint pape l’emporta ; il convoqua les cardinaux, et, les ayant longtemps regardés sans parler, à la fin il fondit en larmes et n’hésita point à faire une sorte d’amende honorable :

— La faiblesse de l’âge, leur dit-il, et les soins que je donne aux choses de la religion, dans lesquelles, comme vous savez, je prétends détruire tous les abus, m’ont porté à confier mon autorité temporelle à mes trois neveux ; ils en ont abusé, et je les chasse à jamais.

On lut ensuite un bref par lequel les neveux étaient dépouillés de toutes leurs dignités et confinés dans de misérables villages. Le cardinal premier ministre fut exilé à Civita