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Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/286

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étonna beaucoup la jeune princesse, c’est qu’au milieu d’une conversation assurément fort sérieuse l’inconnue eut beaucoup de peine à supprimer une envie subite de rire.

— Je serai heureuse, lui dit Vanina, de savoir votre nom.

— On m’appelle Clémentine.

— Eh bien, chère Clémentine, demain à cinq heures je viendrai vous voir.

Le lendemain Vanina trouva sa nouvelle amie fort mal.

— Je veux vous amener un chirurgien, dit Vanina en l’embrassant.

— J’aimerai mieux mourir, dit l’inconnue. Voudrais-je compromettre mes bienfaiteurs ?

— Le chirurgien de Mgr Savelli-Catanzara, le gouverneur de Rome, est fils d’un de nos domestiques, reprit vivement Vanina ; il nous est dévoué, et par sa position ne craint personne. Mon père ne rend pas justice à sa fidélité ; je vais le faire demander.

— Je ne veux pas de chirurgien, s’écria l’inconnue avec une vivacité qui surprit Vanina. Venez me voir, et si Dieu doit m’appeler à lui, je mourrai heureuse dans vos bras.

Le lendemain, l’inconnue était plus mal.

— Si vous m’aimez, dit Vanina en la quittant, vous verrez un chirurgien.

— S’il vient, mon bonheur s’évanouit.

— Je vais l’envoyer chercher, reprit Vanina.

Sans rien dire, l’inconnue la retint, et prit sa main qu'