Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/136

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Ainsi, au bout de huit jours, je m'em­barquerai pour Claix, avec de gros sou­liers, de la poudre et du plomb, et je tâche­rai d'oublier Paris pendant cinq mois. Arrange-toi avec Caroline pour venir à Claix en même temps que moi : nous tra­vaillerons ensemble, c'est-à-dire nous pen­serons ensemble a des sujets intéressants, et j'espère que ces cinq mois ne seront pas perdus pour vous. Je suis bien fâché de n'avoir pas prévu plus tôt mon voyage à Claix : j'aurais prié papa de me faire arranger ma chambre, et j'aurais été tranquille à mon deuxième étage.

C'est aujourd'hui dimanche, j'ai vécu en ermite toute la journée. Ce jour du dimanche m'est insupportable depuis quelque temps. — Mais parlons vers. Sais-tu le beau morceau de Cinna et celui d'Andromaque ? Je t'invite à lire souvent la totalité de ces pièces, ainsi que l'Art poétique de Boileau, que Plana a dû te remettre de ma part.

Fais-tu des traductions interlinéaires ? Il n'y a que ce moyen d'apprendre, et il faut absolument savoir l'italien.

Tu ne saurais t'imaginer combien l'étude des lettres est consolante dans l'affliction. Encore, arrivé à un certain point, c'est une jouissance qui augmente sans cesse : lorsque tu sentiras les beautés de Cor-