8. — A
A SA SŒUR PAULINE¹
Au Quartier Général de Milan,
le 6 Vendémiaire, an IX.
[Dimanche, 28 Septembre 1800.]
Je viens, ma bonne Pauline, d'un bal où je me suis ennuyé à la mort, et je viens causer avec toi pour m'endormir en pensant à toi. Tout ce qui te regarde m'est si cher. A cette heure, dis-je en moi-même, elle est sans doute à Claix, avec Félicie, Caroline et Gaëtan. Après une heureuse journée, elle va se reposer ; elle goûte, dans sa dernière pensée, le bonheur des âmes pures et exemptes de grandes passions. Ah ! si celles-ci donnent quelques instants de vrai bonheur, par combien d'instants affreux ne sont-ils pas rachetés ! Comme tu m'as dit dans ta trop courte lettre que ton piano allait être porté à Claix, je pense que tu t'exerces souvent et que tu cherches à te fortifier dans cet art à la fois si agréable et si nécessaire. Je te vois d'ici, passant
1. Sur du papier portant cet en-tête : République Française, Liberté - Egalité. L'Inspecteur aux Revues.— Armée d'Italie