Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/288

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Les erreurs des hommes sont sans conséquence dans ce genre-là ; celles des femmes les déshonorent à jamais ; regarde cette pauvre Vfictorine]1.

Cette folie est l'effet naturel et imman­quable de l'éducation des livres. Lorsqu'ils en sont guéris, elle fait rechercher les gens qui en ont été atteints, parce qu'ils sont la fleur de la société ; ils n'ont qu'un écueil à éviter, c'est le manque de naturel. Trouvant les hommes hors d'état de les comprendre, ils se font une conversation maniérée, pleine de maximes outrées, dans le sens opposé à ce qu'ils sentent, de manière que qui les écoute les prendrait pour les plus grands scélérats possibles.

Le joli Lobstein, de chez madame V..., était comme cela. Ayant passé par cet état de folie, je le désirai et me liai avec lui, quand tout le monde le fuyait. Les pro­fonds connaisseurs du cœur humain trouvaient tout simple que cet homme vrai, qui l'était tant qu'il jouait bien Cinna, fît son ami d'un pareil monstre, et ce pauvre Lobstein était l'âme la plus candide que j'aie rencontrée. Il s'est marié à une femme de caractère et vit le plus heureux du monde à Hambourg.

J'ai bien ri, il y a huit jours, en voyant

I. Victorine Bigffllon, voir la lettre du 29 août lSÛt.