Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/29

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crioso quando avro il piacere di compri-merti nei miei bracci. Adio, scrive mi piu sovanti1.

H. B.

1. Nous avons respecté les fautes d’orthographe et les barbarismes de cette lettre. En voici la traduction :

" J’ai reçu, chère sœur, ta lettre qui m’a fait un plaisir tout particulier. Je suis enchanté de ta situation qui te donne le moyen de devenir une dame instruite. Je te recommande particulièrement l’histoire et la musique, deux choses importantes. La première surtout sera précieuse dans ce siècle. Dis-moi si tu danses beaucoup cet hiver. On m’écrit que cette année les bals sont plus rares que l’année passée. Dis-moi aussi ce que font Caroline et Gaëtan. Je crains fort que la niaiserie de ce dernier l’empêche d’aller très avant dans l’étude du latin, on m’a écrit qu’il l’apprenait. Dis-moi si Caroline va bien aussi. Tu sais que nous avons encore une fois les mains liées dans ce maudit pays. Mon plus grand désir est de le fuir si loin que je n’entende plus jamais son nom abhorré. J’espère t’embrasser en revenant à Grenoble, en revenant en France. Mon cousin est toujours loin d’ici et j’ai reçu aujourd’hui une lettre de lui qui m’assure qu’il sera encore quelques jours avec l’armée du général Murat. Nous avons ici des spectacles vraiment exceptionnels, un opéra le plus beau du monde et un ballet qui ne le cède en rien à ceux de la rue de Richelieu pour la décoration et la pompe. Dis-moi si cet hiver tu vas quelquefois au spectacle. Je le désirerais beaucoup car je crois que l’audition des bonnes comédies et tragédies forme le caractère. Et il importe d’être bon et brave dans le monde car ce n’est pas tout de former de beaux desseins dans la solitude il faut encore les exécuter à travers tous les périls qui peuvent….. « Voici une superbe morale, j’ai grand peur qu’elle ne t’importune. Je te dirai des choses moins ennuyeuses quand j’aurai le plaisir de te serrer dans mes bras.
" Adieu. Ecris-moi plus souvent.

« H. B. »