Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/291

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Paris à soixante ans. Si nous avons le bonheur de vivre, nous habiterons la même maison, et passerons ainsi notre soirée de la vie agréablement, faisant la liste des passions, vanité, ambition, haine, etc., etc., des états de passions, espé­rances, jouissance, désespoir. Observe les habitudes de l'âme comme celle de Dorante de mentir à tout ce qu'on lui dit, et mets à côté de chaque nom le trait où tu l'as vu développé.

Adieu ; tu es bien heureuse de ne pas être obligée d'étudier la banque pour avoir un état. Malgré mon horreur pour les dévots, s'il était 1750 au lieu d'être 1805, je me serais fait abbé pour vivre en paix, loin de Smith1.

Bon gré mal gré, je veux t'être utile à mon voyage au printemps : lis donc vite Condillac, Tracy, Hobbes. Pense, en un mot, si tu veux qu'on te fasse la cour en 1845, où nous commencerons à vieillir ; songe que ce qui paraît trop savant pour une femme aujourd'hui sera de première nécessité dans quarante ans. Le siècle marche, marchons avec lui.

Songe donc que ce qui te paraît trop savant aujourd'hui sera tout simple dans

1. Adam Smith que Beyle lisait déjà et çta'U devait tra­vailler plus à îosd, en même temps que Say, avec Ctoiel, en septembre 1810.