Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
correspondance

cultés disparaissent ; l’âme est étendue, elle conçoit et aime davantage. Mais je te parle un langage inconnu ; je souhaiterais que tu pus le sentir.

Je te conseille de prier le g[rand] p[ère] de demander à Chalvet[1] le Cours de Littérature de La Harpe qu’il doit avoir et de le lire ; cet ouvrage t’ennuiera peut-être un peu, mais il te dégrossira et je te promets que tu en seras bien récompensée dans la suite. Je te conseille aussi de chercher mes cahiers de littérature pour y lire les mêmes choses que tu liras dans La Harpe et en même temps. Cette étude est indispensable ; tu le verras quand tu iras dans des sociétés qui méritent ce nom. Je désirerais que tu pus aller quelquefois au spectacle, à des pièces choisies, persuadé que je suis que rien ne forme plus le goût. Je voudrais surtout que tu vis les bons opéras-comiques ; cela te donnerait du goût pour la musique et te ferait un plaisir infini ; mais rappelle-toi bien que tu ne pourras jamais y aller qu’avec papa. S’il pouvait sentir mes raisons, cela me ferait bien plaisir. Je lui en parlerai quand j’irai à Grenoble. Je te conseille de tâcher de lire la Vie des

  1. Ancien professeur d’histoire de Beyle à l’École Centrale de Grenoble, il était bibliothécaire à la bibliothèque de la ville.