Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/9

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leçons ; cela ne coûterait pas cher à mon papa et te serait d'une grande utilité ¹.

Je crois qu'en prenant quatre ou cinq leçons par décade, cela coûterait 6 ou 9 fr. par mois, et au bout de six mois, pour une quarantaine de francs, tu aurais appris à raisonner mieux que bien des hommes. Dis-moi ce que tu penses de cela ; et, si cela te fait plaisir, je le proposerai à papa ou tu le lui demanderas toi-même. Cela te vaudrait mieux que 40 ans de tes reli­gieuses et 50 paires de bas. Une jeune fille qui se destine à être une bonne mère de famille, doit savoir faire un bas et ne jamais toucher l'aiguille, surtout dans le précieux temps de sa jeunesse ; tu ne pourras guère t'instruire que jus­qu'à vingt ans ; or, quand tu auras passé deux heures à tricoter, pendant ce temps tu aurais lu 250 pages d'un livre utile, et quelle différence ! Rappelle-toi bien que six francs paient une paire de bas, et que rien ne peut balancer les trente ou qua­rante heures de travail et les dix ou douze heures d'ennui qu'elle te cause. Vas-tu quelquefois au spectacle ? Dis-moi si on donne à Grenoble une pièce

1. Les conseils d'Henri Beyle furent suivis. Et Pauline e 8 floréal XII (28 avril 1804) écrivait à son frère : « Depuis 6 h. ½ jusqu'à 8 h. ½ qui est l'heure ou M. David arrive, je travaille aux mathématiques. »