Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/222

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et qui part de là pour imiter la tenue de Frédéric le Grand. De plus, il tient aussi à reproduire l’affabilité noble du général Lafayette, et cela parce qu’il est ici le chef du parti libéral (Dieu sait quels libéraux !).

— Je connais le Fabio Conti, dit la duchesse ; j’en ai eu la vision près de Côme ; il se disputait avec la gendarmerie. Elle raconta la petite aventure dont le lecteur se souvient peut-être.

— Vous saurez un jour, madame, si votre esprit parvient jamais à se pénétrer des profondeurs de notre étiquette, que les demoiselles ne paraissent à la cour qu’après leur mariage. Eh bien, le prince a pour la supériorité de sa ville de Parme sur toutes les autres un patriotisme tellement brûlant, que je parierais qu’il va trouver un moyen de se faire présenter la petite Clélia Conti, fille de notre Lafayette. Elle est ma foi charmante, et passait encore, il y a huit jours, pour la plus belle personne des états du prince.

Je ne sais, continua le comte, si les horreurs que les ennemis du souverain ont publiées sur ton compte sont arrivées jusqu’au château de Grianta ; on en a fait un monstre, un ogre. Le fait est qu’Ernest IV avait tout plein de bonnes petites vertus, et l’on peut ajouter que, s’il eût