Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/268

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Fabrice courut à l’archevêché ; par un bonheur singulier, le valet de chambre du bon prélat, un peu sourd, n’entendit pas le nom del Dongo ; il annonça un jeune prêtre, nommé Fabrice ; l’archevêque se trouvait avec un curé de mœurs peu exemplaires, et qu’il avait fait venir pour le gronder. Il était en train de faire une réprimande, chose très-pénible pour lui, et ne voulait pas avoir ce chagrin sur le cœur plus longtemps ; il fit donc attendre trois quarts d’heure le petit-neveu du grand archevêque Ascanio del Dongo.

Comment peindre ses excuses et son désespoir quand, après avoir reconduit le curé jusqu’à la seconde antichambre, et lorsqu’il demandait en repassant à cet homme qui attendait en quoi il pouvait le servir, il aperçut les bas violets et entendit le nom Fabrice del Dongo ? La chose parut si plaisante à notre héros, que, dès cette première visite, il hasarda de baiser la main du saint prélat, dans un transport de tendresse. Il fallait entendre l’archevêque répéter avec désespoir : Un del Dongo attendre dans mon antichambre ! Il se crut obligé, en forme d’excuse, de lui raconter toute l’anecdote du curé, ses torts, ses réponses, etc.

Est-il bien possible, se disait Fabrice en revenant au palais Sanseverina, que