Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/115

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— C’est alors que j’aurais dû avoir la croix ! s’écria Rassi sans se déconcerter ; il fallait serrer le bouton tandis que je le tenais, et que l’homme avait envie de cette mort. Je fus un nigaud alors, et, c’est armé de cette expérience, que j’ose vous conseiller de ne pas m’imiter aujourd’hui. (Cette comparaison parut du plus mauvais goût à l’interlocuteur, qui fut obligé de se retenir pour ne pas donner des coups de pied à Rassi.)

— D’abord, reprit celui-ci avec la logique d’un jurisconsulte et l’assurance parfaite d’un homme qu’aucune insulte ne peut offenser, d’abord il ne peut être question de l’exécution dudit del Dongo ; le prince n’oserait ! les temps sont bien changés ! et enfin, moi, noble et espérant par vous de devenir baron, je n’y donnerais pas les mains. Or, ce n’est que de moi, comme le sait Votre Excellence, que l’exécuteur des hautes œuvres peut recevoir des ordres, et, je vous le jure, le chevalier Rassi n’en donnera jamais contre le sieur del Dongo.

— Et vous ferez sagement, dit le comte en le toisant d’un air sévère.

— Distinguons ! reprit le Rassi avec un sourire. Moi je ne suis que pour les morts officielles, et si M. del Dongo vient à mourir d’une colique, n’allez pas me