Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/453

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elle-même admirer ce portrait de Fabrice, que l’on disait excellent. Elle parla avec éloges du talent de Hayez, qui l’avait fait. Sans le savoir elle adressait des sourires charmants au Gonzo qui regardait l’officier d’un air malin. Comme tous les autres courtisans de la maison se livraient au même plaisir, l’officier prit la fuite, non sans vouer une haine mortelle au Gonzo ; celui-ci triomphait, et, le soir, en prenant congé, fut engagé à dîner pour le lendemain.

— En voici bien d’une autre ! s’écria Gonzo, le lendemain, après le dîner, quand les domestiques furent sortis ; n’arrive-t-il pas que notre coadjuteur est tombé amoureux de la petite Marini !…

On peut juger du trouble qui s’éleva dans le cœur de Clélia en entendant un mot aussi extraordinaire. Le marquis lui-même fut ému.

— Mais Gonzo, mon ami, vous battez la campagne comme à l’ordinaire ! et vous devriez parler avec un peu plus de retenue d’un personnage qui a eu l’honneur de faire onze fois la partie de whist de Son Altesse !

— Eh bien ! monsieur le marquis, répondit le Gonzo avec la grossièreté des gens de cette espèce, je puis vous jurer qu’il voudrait bien aussi faire la partie de