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tence de vivre au pain et à l’eau pendant treize semaines, autant de semaines qu’il y a de lettres dans les noms Davide Palanza. Nous avons à cette cour un coquin d’infiniment d’esprit, nommé Rassi, grand-juge ou fiscal-général, qui, lors de la mort du comte Palanza, ensorcela le père Landriani. À l’époque de la pénitence des treize semaines, le comte Mosca, par pitié et un peu par malice, l’invitait à dîner une et même deux fois par semaine ; le bon archevêque, pour faire sa cour, dînait comme tout le monde. Il eût cru qu’il y avait rébellion et jacobinisme à afficher une pénitence pour une action approuvée du souverain. Mais l’on savait que, pour chaque dîner où son devoir de fidèle sujet l’avait obligé à manger comme tout le monde, il s’imposait une pénitence de deux journées de nourriture au pain sec et à l’eau.

Monseigneur Landriani, esprit supérieur, savant du premier ordre, n’a qu’un faible, il veut être aimé : ainsi, attendris-toi en le regardant, et, à la troisième visite, aime-le tout à fait. Cela, joint à ta naissance, te fera adorer tout de suite. Ne marque pas de surprise s’il te reconduit jusque sur l’escalier, aie l’air d’être accoutumé à ces façons ; c’est un homme né à genoux devant la noblesse. Du reste, sois simple, apostolique, pas d’esprit, pas de brillant, pas de répartie prompte ; si tu ne l’effarouches point, il se plaira avec toi ; songe