Page:Stendhal - La chartreuse de Parme (Tome 1), 1883.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 257 —

deux mains le petit sifflement bas et bref qui autrefois était le signal de son admission. Aussitôt il entendit tirer à plusieurs reprises la corde qui, du haut de l’observatoire, ouvrait le loquet de la porte du clocher. Il se précipita dans l’escalier, ému jusqu’au transport ; il trouva l’abbé sur son fauteuil de bois à sa place accoutumée ; son œil était fixé sur la petite lunette d’un quart de cercle mural. De la main gauche, l’abbé lui fit signe de ne pas l’interrompre dans son observation ; un instant après il écrivit un chiffre sur une carte à jouer, puis, se retournant sur son fauteuil, il ouvrit les bras à notre héros, qui s’y précipita en fondant en larmes. L’abbé Blanès était son véritable père.

— Je t’attendais, dit Blanès, après les premiers mots d’épanchement et de tendresse. L’abbé faisait-il son métier de savant ; ou bien, comme il pensait souvent à Fabrice, quelque signe astrologique lui avait-il par un pur hasard annoncé son retour ?

— Voici ma mort qui arrive, dit l’abbé Blanès.

— Comment ! s’écria Fabrice tout ému.

— Oui, reprit l’abbé d’un ton sérieux, mais point triste : cinq mois et demi ou six mois et demi après que je t’aurai revu, ma vie, ayant trouvé son complément de bonheur, s’éteindra

Come face al mancar dell’alimento.


(Comme la petite lampe quand l’huile vient à