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le bal au xixe siècle

rendre à l’Europe la liberté que Mirabeau leur a envoyée[1].

Un tourbillon de jeunes gens à moustaches s’était approché de Mathilde. Elle avait bien vu qu’Altamira n’était pas séduit, et se trouvait piquée de son départ ; elle voyait son œil noir briller en parlant au général péruvien. Mademoiselle de La Mole regardait les jeunes Français avec ce sérieux profond qu’aucune de ses rivales ne pouvait imiter. Lequel d’entre eux, pensait-elle, pourrait se faire condamner à mort, en lui supposant même toutes les chances favorables ?

Ce regard singulier flattait ceux qui avaient peu d’esprit, mais inquiétait les autres. Ils redoutaient l’explosion de quelque mot piquant et de réponse difficile.

Une haute naissance donne cent qualités dont l’absence m’offenserait : je le vois par l’exemple de Julien, pensait Mathilde ; mais elle étiole ces qualités de l’âme qui font condamner à mort.

En ce moment quelqu’un disait près d’elle : Ce comte Altamira est le second fils du prince de San Nazaro-Pimentel, c’est un Pimentel qui tenta de sauver

  1. Cette feuille, composée le 25 juillet 1830, a été imprimée le 4 août.
    Note de l’éditeur.