Page:Stendhal - Le Rouge et le Noir, II, 1927, éd. Martineau.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XX

le vase du japon

Son cœur ne comprend pas d’abord tout l’excès de son malheur ; il est plus troublé qu’ému. Mais à mesure que la raison revient, il sent la profondeur de son infortune. Tous les plaisirs de la vie se trouvent anéantis pour lui, il ne peut sentir que les vives pointes du désespoir qui le déchire. Mais à quoi bon parler de douleur physique ? Quelle douleur sentie par le corps seulement est comparable à celle-ci ?
Jean Paul.


On sonnait le dîner, Julien n’eut que le temps de s’habiller ; il trouva au salon Mathilde, qui faisait des instances à son frère et à M. de Croisenois, pour les engager à ne pas aller passer la soirée à Suresnes, chez madame la maréchale de Fervaques.

Il eût été difficile d’être plus séduisante et plus aimable pour eux. Après dîner parurent MM. de Luz, de Caylus et plusieurs de leurs amis. On eût dit que mademoiselle de La Mole avait repris avec le culte de l’amitié fraternelle, celui des convenances les plus exactes. Quoique le temps fût charmant ce soir-là, elle insista pour ne