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le rouge et le noir

ment, c’était le chef-d’œuvre du meilleur ouvrier de Londres. Il n’en fallait pas tant pour porter au comble l’admiration de Julien.

Une heure après, le marquis entra, regarda les copies, et remarqua avec étonnement que Julien écrivait cela avec deux ll, cella. Tout ce que l’abbé m’a dit de sa science serait-il tout simplement un conte ! Le marquis, fort découragé, lui dit avec douceur :

— Vous n’êtes pas sûr de votre orthographe ?

— Il est vrai, dit Julien, sans songer le moins du monde au tort qu’il se faisait ; il était attendri des bontés du marquis, qui lui rappelait le ton rogue de M. de Rênal.

C’est du temps perdu que toute cette expérience de petit abbé franc-comtois, pensa le marquis ; mais j’avais un si grand besoin d’un homme sûr !

Cela ne s’écrit qu’avec une l, lui dit le marquis ; quand vos copies seront terminées, cherchez dans le dictionnaire les mots de l’orthographe desquels vous ne serez pas sûr.

À six heures, le marquis le fit demander, il regarda avec une peine évidente les bottes de Julien : J’ai un tort à me reprocher, je ne vous ai pas dit que tous les jours à