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le rouge et le noir

nom. Mathilde lui montra plusieurs lettres du ministre de la guerre, adressées à M. Julien Sorel de La Vernaye.

— Vous voyez, monsieur, que mon père se chargeait de sa fortune. Je l’ai épousé en secret, mon père désirait qu’il fût officier supérieur avant de déclarer ce mariage un peu singulier pour une La Mole.

Mathilde remarqua que l’expression de la bonté et d’une gaîté douce s’évanouissait rapidement à mesure que M. de Frilair arrivait à des découvertes importantes. Une finesse mêlée de fausseté profonde se peignit sur sa figure.

L’abbé avait des doutes, il relisait lentement les documents officiels.

Quel parti puis-je tirer de ces étranges confidences ? se disait-il. Me voici tout d’un coup en relation intime avec une amie de la célèbre maréchale de Fervaques, nièce toute-puissante de monseigneur l’évêque de ***, par qui l’on est évêque en France.

Ce que je regardais comme reculé dans l’avenir se présente à l’improviste. Ceci peut me conduire au but de tous mes vœux.

D’abord Mathilde fut effrayée du changement rapide de la physionomie de cet homme si puissant, avec lequel elle se trouvait seule dans un appartement reculé.