Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/269

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3° Toutes les lettres écrites par madame de Chasteller seront montrées à M. le marquis.

Il fut tacitement convenu que le marquis pourrait s’en saisir pour les faire parvenir par une voie plus économique que la poste. Mais dans ce cas, qui entraînait une perte de deniers pour le gouvernement, madame Cunier, sa représentante dans la présente affaire, pouvait naturellement s’attendre à un cadeau d’un panier de bon vin du Rhin de seconde qualité.

Dès le surlendemain de cette conversation, madame Cunier remit un paquet, fermé par elle, au vieux Saint-Jean, valet de chambre du marquis. Ce paquet contenait une toute petite lettre de madame de Chasteller à madame de Constantin. Le ton en était doux et tendre ; madame de Chasteller aurait voulu demander des conseils à son amie, mais n’osait s’expliquer.

« Bavardage insignifiant », se dit le marquis en la serrant dans son bureau. Et, un quart d’heure après, on vit passer le vieux valet de chambre portant à madame Cunier un panier de seize bouteilles de vin du Rhin.

Le caractère de madame de Chasteller était la douceur et la nonchalance. Rien ne parvenait à agiter cette âme douce,