Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/317

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élève chassé de l’École polytechnique. La bêtise du petit joueur à la Bourse est une quantité infinie. M. Métral, mon commis, te donnera des leçons, non pas de bêtise, mais de l’art de la manier. (Lucien avait l’air très froid.) Tu me rendras un service personnel si tu te fais capable d’être l’intermédiaire habituel entre M. de Vaize et moi. La morgue de ce grand administrateur lutte contre l’immobilité de mon caractère. Il tourne autour de moi, mais depuis notre dernière opération je n’ai voulu lui livrer que des mots gais. Hier soir, sa vanité était furibonde, il voulait me réduire au sérieux. C’était plaisant. D’ici à huit jours, s’il ne peut te mater, il te fera la cour. Comment vas-tu recevoir un ministre homme de mérite te faisant la cour ! Sens-tu l’avantage d’avoir un père ? C’est une chose utile à Paris.

— J’aurais trop à dire sur ce dernier article, et vous n’aimez pas le provincial tendre. Quant à l’excellence, pourquoi ne serais-je pas naturel avec lui comme envers tout le monde ?

— Ressource des paresseux. Fi donc !

— Je veux dire que je serai froid, respectueux, et laissant toujours paraître, même fort clairement, le désir de voir se