Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/320

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désertion avec son collègue de la Guerre ; 2° à te faire maître des requêtes, secrétaire particulier, avec la croix au bout de l’année. Par contre, mon salon et moi nous sommes engagés à vanter son crédit, ses talents, ses vertus, sa probité surtout. J’ai fait réussir son ministère, sa nomination à la Bourse, et, à la Bourse aussi, je me charge de faire, de compte à demi, toutes les affaires de Bourse basées sur des dépêches télégraphiques. Maintenant, il prétend que je me suis engagé pour les affaires de Bourse basées sur les délibérations du Conseil des ministres, mais cela n’est point. J’ai vu M. N…, le ministre de…, qui ne sait rien administrer mais qui sait deviner et lire sur les physionomies. Lui, N…, voit l’intention du roi huit jours à l’avance, le pauvre de Vaize ne sait pas la voir à une heure de distance. Il a déjà été battu à plate couture dans deux conseils depuis un mois à peine qu’il est au ministère. Mets-toi bien dans la tête que M. de Vaize ne peut se passer de mon fils. Si je devenais un imbécile, si je fermais mon salon, si je n’allais plus à l’Opéra, il pourrait peut-être songer à s’arranger avec une autre maison, encore je ne le crois pas de cette force de tête-là. Il va te battre froid cinq ou six jours, après quoi il y aura explosion de confiance. C’est le moment