Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/378

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borner à dire que ce petit Leuwen gagne toujours à l’écarté. Sur quoi, je viens, monsieur le comte, en votre qualité de ministre des Affaires étrangères, vous offrir la guerre ou la paix.

M. Leuwen prit un malin plaisir à prolonger beaucoup l’entretien ainsi commencé. Au sortir de l’hôtel des Affaires étrangères, M. Leuwen alla chez le roi, duquel il avait obtenu une audience. Il répéta exactement au roi la conversation qu’il venait d’avoir avec son ministre des Affaires étrangères.

— Viens ici, dit M. Leuwen à son fils en rentrant chez lui, que je répète pour la seconde fois la conversation que j’ai eu l’honneur d’avoir avec les ministres auxquels tu manques de respect. Mais pour ne pas m’exposer à une troisième répétition, allons chez ta mère.

À la fin de la conférence chez madame Leuwen, notre héros crut pouvoir hasarder un mot de remerciement à son père.

— Tu deviens commun, mon ami, sans t’en douter. Tu ne m’as jamais autant amusé que depuis un mois. Je te dois l’intérêt de jeunesse avec lequel je suis les affaires de bourse depuis quinze jours, car il fallait me mettre en position de jouer quelque bon tour à mes deux ministres s’ils se permettent à ton égard quelque trait de fatuité. Enfin, je t’aime, et ta