Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/128

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et dont M. de Séranville avait poussé le verrou aux premières paroles un peu trop acerbes de leur conversation. Leuwen ouvrit la porte.

— Dépêche télégraphique, dit M. Lamorte, le même directeur du télégraphe qui venait de faire perdre une demi-heure à Leuwen.

— Donnez, dit le préfet avec la hauteur la plus dépourvue de politesse.

Le malheureux directeur restait pétrifié. Il connaissait le préfet pour un homme violent et n’oubliant jamais de se venger.

— Donnez donc, morbleu ! dit le préfet.

— La dépêche est pour M. Leuwen, dit le directeur du télégraphe d’une voix éteinte.

— Eh bien ! monsieur, vous êtes préfet, dit M. de Séranville avec un rire amer et en montrant les dents. Je vous cède la place. »

Et il sortit en poussant la porte de façon à ébranler tout le cabinet.

« Il a la mine d’une bête féroce », pensa Leuwen

— Voulez-vous, monsieur, me communiquer cette terrible dépêche ?

— La voici, monsieur. Mais M. le préfet me dénoncera. Veuillez me soutenir.

Leuwen lut :

« M. Leuwen aura la direction supérieure