Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/149

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fenêtre grillée pratiquée à la porte, et enfin admis en présence de l’abbé.

— Le service du roi m’appelle auprès de vous, mon respectable oncle, et le service du roi ne connaît pas d’heure indue. Permettez que je vous présente M. le maître des requêtes Leuwen.

Les yeux bleus du vieillard peignaient l’étonnement et presque la stupidité. Après cinq ou six minutes, il engagea ces messieurs à s’asseoir. Il ne parut comprendre un peu de quoi il s’agissait qu’après un gros quart d’heure.

« Le président dit toujours : le roi, tout court, se dit Leuwen, et je parierais cent contre un que ce bon vieillard entend le roi Charles X. »

M. l’abbé Donis-Disjonval dit enfin, après s’être fait répéter une seconde fois tout ce que son neveu lui expliquait depuis vingt minutes :

— Demain, je vais dire la messe à Sainte-Gudule. À huit heures et demie, en sortant après mon action de grâces, je passerai par la rue des Carmes et monterai chez le respectable Le Canu. Je ne puis pas vous dire sûrement si ses occupations, si nombreuses et si importantes, ou si ses devoirs de piété lui permettront de me donner audience, comme il faisait il y a vingt ans, avant d’avoir tant d’affaires