Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/162

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Ce mot illumina Leuwen.

« Grand Dieu ! Pourrais-je réussir ? » pensa-t-il.

— Aura-t-on la même méfiance pour des lettres de change acceptées par les premiers négociants de la ville, ou enfin pour de l’or et des écus que je prendrai, à mon choix, chez M. le receveur général ?

Leuwen prolongea à dessein cette énumération, pendant laquelle il voyait changer à vue d’œil la figure de l’abbé Disjonval. Enfin, malgré le récent déjeuner, cette figure devint pâle.

« Ah ! si j’avais quarante-huit heures, pensa Leuwen, l’élection serait à moi. »

Leuwen profita largement de tous ses avantages et ce fût, à son inexprimable plaisir, M. l’abbé Disjonval lui-même qui, en termes un peu entortillés il est vrai, exprima l’idée autour de laquelle Leuwen tournait depuis trois quarts d’heure : « En l’absence du crédit de 100.000 francs que le télégraphe doit apporter, votre négociation ne peut faire un pas de plus. »

— J’espère que ces messieurs, dit l’abbé Disjonval, auront réfléchi sur l’avantage d’avoir un organe de plus dans la Chambre. Surtout si le gouvernement a la faiblesse de laisser reparaître la fatale discussion sur la réduction des sièges épiscopaux… À demain, à sept heures du matin, et, en