Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le courrier lui courut après sur l’escalier pour lui demander ses ordres.

— M. le maître des requête vous réexpédiera demain, dit Coffe avec une gravité parfaite.

Le lendemain 17 était le grand jour.

Dès sept heures, le 17, le grand jour des élections, Leuwen était chez M. l’abbé Disjonval. Il fut frappé du changement de manières du bon vieillard, il était tout empressement ; la moindre insinuation de Leuwen ne passait pas sans réponse.

« Les cent mille francs font effet », se dit Leuwen.

Mais l’abbé Disjonval lui fit entendre plusieurs fois, avec une finesse et une politesse qui l’étonna, que tout ce qu’on pouvait dire en l’absence de la condition principale n’était qu’un futur contingent.

— C’est bien ainsi que je l’entends, répondait Leuwen. Si je n’ai pas aujourd’hui, et de bonne heure, un crédit de 100.000 francs sur M. le receveur général, j’aurai eu l’honneur de vous être présenté, j’aurai eu avec le respectable abbé Le Canu une conférence qui a fait sur mon cœur une profonde impression, j’aurai appris à redoubler l’estime que j’avais déjà pour des hommes qui voient le bonheur de notre chère patrie dans une autre route que celle que je crois la plus sûre, et…