Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/213

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ment et de me donner leurs voix. Si votre Coffe veut dîner demain avec nous…, sommes-nous seuls ? dit-il à sa femme.

— Nous avions un demi-engagement chez madame de Thémines.

— Nous dînerons ici, nous trois et M. Coffe. S’il est du genre ennuyeux, comme je le crains, il sera moins ennuyeux à table. La porte sera fermée, et nous serons servis par Anselme.

Lucien amena Coffe, non sans peine.

— Vous verrez un dîner qui coûterait quarante francs par tête chez Baleine, du Rocher de Cancale, et même à ce prix Baleine ne serait pas sûr de réussir.

— Va pour le dîner de quarante francs, c’est à peu près le taux de ma pension pour un mois.

Coffe, par la froideur et la simplicité de son récit, fit la conquête de M. Leuwen.

— Ah ! que je vous remercie, monsieur, de n’être pas gascon, lui dit le député de l’Aveyron. J’ai une indigestion de hâbleurs, de ces gens qui sont toujours sûrs du succès du lendemain, sauf à vous répondre une platitude quand, le lendemain, vous leur reprochez la défaite.

M. Leuwen fit beaucoup de questions à Coffe. Madame Leuwen fut enchantée d’une troisième édition des prouesses de son fils. Et à neuf heures, comme Coffe