Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’abord, tout le monde voyait bien qu’il n’était passionnément pour aucune opinion. Il n’était peut-être que deux choses auxquelles il n’eût jamais consenti : le sang, et la banqueroute.

Trois jours après cette loi, emportée par treize voix dont six de ministres, M. Bardoux, le ministre des Finances, s’approcha, à la Chambre, de M. Leuwen, et lui dit d’un air fort ému (il avait peur d’une épigramme, et parlait à mi-voix :

— Les huit places étaient accordées.

— Fort bien, monsieur Bardoux, lui dit-il, mais vous vous devez à vous-même de ne pas contresigner ces grâces-là. Laissez cela à votre successeur aux Finances. J’attendrai, monseigneur[1]. »

M. Leuwen parlait fort clairement, tous les députés voisins furent émerveillés : se moquer d’un ministre des Finances, d’un homme qui peut faire un receveur général !

Il eut bien quelque peine à faire agréer ce succès aux huit membres de sa Légion du Midi à la famille desquels étaient destinées les huit places.

— Dans six mois, nous avons deux places au lieu d’une, il faut savoir faire des sacrifices.

  1. Allusion à M. de Bernis. Est-elle bonne ?