Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour ainsi dire des grandes affaires du ministère.

« Croit-il pouvoir me faire crier grâce ? » pensait Lucien, et il travailla au moins autant que trois chefs de bureau. Il était souvent à son bureau dès sept heures du matin, et bien des fois pendant le dîner faisait faire des copies dans le comptoir de son père, et retournait le soir au ministère pour les faire placer sur la table de Son Excellence. Au fond, l’excellence recevait avec toute l’humeur possible ces preuves de ce qu’on appelle dans les bureaux du talent.

— Ceci est plus hébétant au fond, disait [Lucien] à Coffe, que de calculer le chiffre d’un logarithme qu’on veut pousser à quatorze décimales.

— M. Leuwen et son fils, disait M. de Vaize à sa femme, veulent apparemment me prouver que j’ai mal fait de ne pas lui offrir une préfecture à son retour de Caen. Que peut-il demander ? Il a eu son grade et sa croix, comme je le lui avais promis s’il réussissait, et il n’a pas réussi.

Madame de Vaize faisait appeler Lucien trois ou quatre fois la semaine, et lui volait un temps précieux pour ses paperasses.

Madame Grandet trouvait aussi des prétextes fréquents pour le voir dans la