Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Anselme vaut mieux pour les affaires que M. Grandet. Après qu’on lui aura accordé un mois pour se guérir de son étonnement, il décidera mieux les affaires, surtout les grandes, où il faut un vrai bon sens, que M. Grandet. Mais Anselme n’a pas une femme qui soit au moment d’être la maîtresse de mon fils, mais en portant Anselme au ministère de l’Intérieur, tout le monde ne verrait pas que c’est Lucien que je fais ministre en sa personne.

— Ah ! que m’apprenez-vous ? s’écria madame Leuwen. Et le sourire qui avait accueilli l’énumération des mérites d’Anselme disparut à l’instant. Vous allez compromettre mon fils. Lucien va être la victime de cet esprit sans repos, de cette femme qui court après le bonheur comme une âme en peine et ne l’atteint jamais. Elle va le rendre malheureux et inquiet comme elle. Mais comment n’a-t-il pas été choqué par ce que ce caractère a de vulgaire ? C’est une copie continue !

— Mais c’est la plus jolie femme de Paris, ou du moins la plus brillante. Elle ne peut avoir un amant, elle si sage jusqu’ici, sans que tout Paris ne le sache, et pour peu que cet amant ait déjà un nom un peu connu dans le monde, ce choix le place au premier rang.

Après une longue discussion qui ne fut