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ŒUVRES DE STENDHAL.

fet de clair-obscur un peu cherché, un peu grossier si l’on veut, mais qui enchante le spectateur badaud. On reste là cinq minutes.

Une telle supériorité d’exécution enlève toutes les objections ; j’ai eu un plaisir vif à voir cette nappe. Voilà la supériorité de la couleur et du clair-obscur sur le dessin. Le musée du Louvre ne possède aucun tableau du Guerchin du mérite de celui-ci. Il me rappelle le Saint Bruno de Bologne. Je ne trouve à lui opposer à Paris que le Saint Bruno de madame de ***.

4° Un magnifique Pérugin venant, je crois, de Foligno, donné par le pape Pie VII à la ville de Lyon.

In attestato di grata ricordanza dell’ accoglimento fatto a Sua Santita, in Lione.

Ces mots sont écrits sur le cadre : Lyon, la ville croyante par excellence, ne méritait pas moins. En 1815, au retour de Gand, le comte de Damas commandait à Lyon ; jadis, dans les bons jours, ce général avait commandé une des divisions de l’armée napolitaine, celle qui se vantait si haut de délivrer Rome, et qui se fit battre par Championnet, ce me semble. Il écrivit au pape pour obtenir ce tableau vivement redemandé par Canova, l’emballeur de Sa Sainteté. Pie VII répondit favorablement, et la phrase ci-dessus se trouve dans la lettre de l’aimable cardinal Consalvi.

Ce Pérugin est un peu pâle, un peu sec. Les anges adorent le saint sacrement. Ces anges, qui ressemblent à de jeunes Allemandes, douces, blondes, un peu fades, sont à genoux dans les airs autour de la sainte hostie. Il y a quelques têtes charmantes. C’est l’un des tableaux de ce maître où l’absence de pensée se fait le moins remarquer, donc un de ses chefs-d’œuvre.

5° Autre Pérugin, deux saints peints sur une porte du tabernacle.

Plusieurs saints et le Christ au milieu d’eux, belle esquisse ou tableau non terminé (musée Napoléon).