Page:Stendhal - Mémoires d’un Touriste, I, Lévy, 1854.djvu/260

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La petite porte d’entrée de cet escalier en miniature est couronnée par un médaillon de fort peu de saillie, qui représente un roi imaginaire, Francus, je crois, roi des Francs. Il y a une inscription. Au-dessus des portes du corps de logis principal, on voit deux têtes sortant d’une espèce d’œil de bœuf, comme à ces jolis tombeaux de la renaissance de l’église de la Minerve à Rome. Une de ces têtes ressemble à Napoléon.

Une sœur fort timide envers nous, mais fort absolue envers les petites filles du peuple réunies en ce lieu, nous a permis de monter l’escalier. Une autre jeune religieuse, portant aussi une croix d’argent et un habit de gros drap bleu, a ouvert la porte, et nous avons pu examiner, au grand étonnement de toutes les petites filles, une vaste cheminée du moyen âge.

Cette dame a eu la bonté de me conduire à la chapelle ; cette pièce, qui peut avoir dix pieds de large et vingt-cinq de longueur, serait un modèle admirable pour le plus charmant boudoir. Je ne crois pas que le style de la renaissance ait jamais trouvé rien de plus joli, mais je ne veux point exagérer, il n’y a aucun génie dans tout cela, rien qui aille à l’âme. Ce style n’en convient que mieux à un boudoir : je ne conçois pas comment l’on n’a pas encore copié celui-ci à Paris ; probablenment il est inconnu.

Ce que c’est que des yeux papelards ; anecdote de cette religieuse si belle, s’enfermant si bien à clef, mariée depuis à un ébéniste.

Mon jeune guide allait trottant devant moi, et répétant à demi-voix la liste de toutes les belles choses que doit voir l’étranger qui visite Bourges. Nous sommes arrivés à la maison de Cujas, rue des Arènes. Cela est charmant, c’est le mot. Comment n’en avons-nous pas une copie à Paris ? J’y ai lu les restes d’une inscription singulière.

Ensuite nous sommes allés à la porte Romane de Saint-Ursin, voisine du parc de l’artillerie. Sur le mur à droite, à huit ou dix pieds d’élévation, le guide m’a indiqué un bas relief qui repré-