Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/104

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quelle femme c’est que madame D. ? Le dandy ne daigne pas répondre au garde-note.

— Si monsieur le procureur du roi juge à propos de m’y autoriser, reprend-il, je vais me présenter chez cette terrible madame D. avec messieurs les notaires ; en ma présence, M. Blanc parlera des jambes de l’homme qu’il a aperçues sous le lit. Je demanderai pourquoi ces jambes, et je me charge du reste.

Ainsi fut fait ; la dame change de couleur en voyant le commissaire de police : aussitôt celui-ci prend un ton de maître ; il dit qu’il y a certains crimes qui, sans qu’on s’en doute, conduisent les gens aux galères et même à l’exposition. Madame D. s’évanouit. Son mari survient et finit par avouer que son beau-père était mort deux heures avant l’arrivée de messieurs les notaires, mais en disant et répétant toujours qu’il voulait tout laisser à sa fille, etc., etc. Comme, pendant le long récit de ce bon vouloir et de ses causes, de la mauvaise conduite du fils, grand dissipateur, etc., etc., le gendre commençait à reprendre courage, le commissaire de police lui coupe la parole, et parle de nouveau de galères et d’exposition. Enfin, après une petite scène menée rondement par le dandy, enchanté de jouer un rôle,