Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/123

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raisonnablement, puis il les habille en beau style néologique, avec les patiments de l’âme, il neige dans mon cœur, et autres belles choses.



— De la Bourgogne, le 28 avril.

Nous sommes montés à cheval ce matin. Pour distraire un peu mon malheureux ami, crucifié par sa route qui doit lui donner les moyens d’exploiter sa forêt, nous parlons de galanteries, de vertu et des dames de province.

— Sur six femmes de ce pays, me dit Ranville d’un grand sang-froid, il n’y en a guère qu’une qui ait eu de tendres faiblesses ; une seconde peut s’écrier, comme la marquise de Marmontel : heureusement ! Mais quatre sont dignes de toute notre admiration. J’explique ce phénomène comme la vertu de Londres : si un homme va trois fois de suite dans une maison, tout le voisinage se scandalise, et la femme attaquée est avertie avant d’aimer.

Ranville me donne dix exemples, les meilleurs sont impossibles à rapporter ici ; ils renouvelleraient le scandale dans le pays. Sur cette grande question : y a-t-il de l’amour passionné dans la